En cette même année 1935, Alan Turing est élu enseignant-chercheur (fellow) au King’s College de l’Université de Cambridge. Il travaille à la rédaction d’un texte qui sera soumis l’année suivante aux Annales de la société mathématique : « Théorie des nombres calculables, suivi d’une application au problème de la décision ». Derrière ce titre obscur pour le profane, l’article de Turing peut être considéré comme la « preuve de concept » de l’ordinateur, une machine universelle pour résoudre toutes les fonctions calculables. Turing ouvre ainsi sans le savoir l’ère de la reproductibilité numérique, qui est une forme particulière appelée à devenir dominante de la reproductibilité technique sur laquelle réfléchit son contemporain allemand, Walter Benjamin.
Une partie des réflexions de Walter Benjamin a aujourd’hui vieilli au sens où ces pensées portaient sur la captation de l’art par des régimes politiques totalitaires, et la possible réponse des masses prolétariennes. De telles problématiques ont peu ou prou disparu : le phénomène dominant (ou survivant) de cette époque a plutôt été l’appropriation de l’art par les industries de la culture et du divertissement. Évoquant le cinéma, Benjamin écrit cependant : « La masse est la matrice où, à l'heure actuelle, s'engendre l'attitude nouvelle vis-à-vis de l'œuvre d'art. La quantité se transmue en qualité : les masses beaucoup plus grandes de participants ont produit un mode transformé de participation. » (XVIII).
L’actualité de Benjamin pourrait être une réflexion sur la signification de la reproductibilité à l’âge numérique, de sa singularité par rapport aux anciens modes de reproduction. La grande différence, soixante-quinze ans plus tard, est que la reproductibilité s’est démocratisée et que le « mode transformé de participation » des multitudes, évoqué par Benjamin, est désormais démultiplié. Nul ne pouvait jadis imaginer qu’il serait loisible à chaque individu de reproduire un livre, une musique ou un film. Mais la machine universelle de Turing a fini par rendre cela possible. La participation peut même aller un cran au-delà puisque la reproductibilité numérique se double d’une transformabilité numérique : chacun peut intervenir sur une œuvre ou une partie d’œuvre pour l’annoter, la détourner, la modifier, la contextualiser, la partager (voir ici pour l’âge du read/write web). « La masse est la matrice » dans un sens que ne pouvait anticiper Benjamin.
Ces évolutions sont analysées du point de vue du public. Elles ne sont pas sans conséquence sur le point de vue de l’artiste ou de l’auteur : celui-ci ne peut feindre d’ignorer les conditions de diffusion de sa création. Cela d’autant que cette création se destine à la reproduction : l’œuvre par nature unique du spectacle vivant ou de certaines formes traditionnelles d’art (peinture, sculpture, architecture, etc.) n’est pas l’œuvre par nature démultipliée de la littérature, de la musique ou du cinéma. Les conditions de la reproductibilité technique à l’époque de Benjamin rendaient nécessaire l’intervention d’un médiateur industriel entre l’œuvre et son public. La reproductibilité numérique efface cette nécessité, faisant apparaître le médiateur industriel comme une source de revenu du créateur, non une condition de diffusion de la création.
L’œuvre de l’esprit à l’époque de sa reproductibilité numérique est donc confrontée à la réalité de son autonomie de diffusion et de son appropriation par le public. On ne peut désormais la penser hors de contexte entièrement nouveau.
Références citées : Benjamin W (1935, 2003), L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, Allia ; Turing A (1937), On Computable Numbers with an Application to the Entscheidungsproblem, Proceedings of the London Mathematical Society, 2, 42 (reproduit in Turing A, Girard JY, 1995, La machine de Turing, Seuil ; disponible en anglais sur les Turing Archives).
Vous lisez 1 livre par semaine ou plus qui ne concerne pas que l'édition.
RépondreSupprimerParlez-en pourquoi pas ? Avec votre capacité d'écriture tout est possible :)
(Jambon 2010) J'en parle... le jeu, c'est de me retrouver un peu partout sur le web ;-) En fait, le plus gros volume de mon écriture reste alimentaire (contrairement à ici), et le plus souvent anonyme (comme ici). Je ne m'en plains pas, outre que cela nourrit, cela permet de se cultiver et je suis curieux de tempérament!
RépondreSupprimerPourquoi tu ne parles pas des livres que tu lis en ce moment, les livres qui ont un contenu qui nous change de ta propagande casse-couille sur le numérique.
RépondreSupprimerMerci de développer sur les livres que tu lis.
Qu'est-ce que t'en penses ?
Tu n'en penses rien ? Pourquoi faire chier le monde avec un blog ?
(le tutoiement infect c'est les mecs comme toi qui l'ont institué)
(racine couillon jambon) J'en pense rien, sinon que je suis bien désolé pour tes couilles – pas tant qu'elles soient cassées, note bien, mais qu'elles s'obstinent à l'être ici, et sans doute ailleurs, une vie dédiée à se casser ainsi les couilles doit être fort douloureuse.
RépondreSupprimerMon niveau d'amour est intenable, j'en peux plus,
RépondreSupprimerj'implose
C. oui ma vie est fort douloureuse.
RépondreSupprimerComme vous avez pu le constater. J'ai pu constater que vous m'avez pris au sérieux, j'en prends bonne note. vous avez probablement raison quoique ...quand même..C..
C. il n'y a rien de corrompu dans ce monde.
RépondreSupprimertout ce qui est corrompu c'est en pleurant que j'envoie des types tirer dessus, j'espère qu'ils font du bon boulot.
Il n'y a rien de corrompu en ce monde, c'est sur cette base qu'on peut agir.
Inutile de dire en relisant toutes ces débilités que je vomis tout ce que le pseudo jambon 2010 est susceptible de dire.
RépondreSupprimeret les autres aussi. Tout est à vomir.
je rejette l'expression "tout est à vomir" cette expression est trop facile, elle est infecte je n'y suis pour rien !!
RépondreSupprimerje m'en fous total, mongol, geste, viol cinglé, perte, pleurs.
sur un ^parking je cours après un débilo, je le course il est gras il court devant moi avec son gros cul, il me fait pleurer, je peux plus le poursuivre , je tombe,
assez!