Les prix numériques selon Numilog: 7,7% de moins que le papier...

Lisant une tribune de Publishing Perspectives qui s’étonne du bazar français dans le numérique – chaque éditeur est obsédé par la conservation de ses précieux fichiers, au grand dam de l’Etat et de certains libraires en ligne qui préfèrent une plateforme unique –, je clique et je tombe sur Numilog, site de distribution numérique de mes amis Hachette. Je regarde les dix titres qui sont mis en valeur au format epub, sur la première vitrine de la première page. Et je me dis : ces livres semblent fort coûteux tout de même.

Ci-dessous, voici la liste des prix Numilog pour les livres numériques (premier prix) et des prix Amazon pour les mêmes livres en format papier (Amazon.fr), ce 15 avril 2010.

Jean-Paul Gaultier, punk sentimental : 18,8 / 19,86
Le tueur aux gants blancs : 13,5 / 14,25
La Mort, simplement : 17,9 / 18,91
Deleuze, Sheila et moi : 11,7 / 12,35
Les Écureuils de Central Park sont tristes le lundi : 21,5 / 22,70
Dernière escale : 15,4 / 20,90
Mélancolie française : 15,3 / 16,15
Ça sent le sapin ! : 6,2 / 6,55
Cellulaire : 20 / 20,90
Autre-monde, 3. Le coeur de la Terre : 18 / 19

Ayant rentré ces prix sur mon tableur, je trouve le résultat : 7,7% de remise sur le livre numérique. Il est vrai que mon ami Nourry se flattait de faire augmenter les prix de l’ebook contre les salauds d’Amazon qui les bradent. Si vous êtes grand lecteur sans grand budget comme moi, vous apprécierez le geste de cet amoureux du livre…

Pour information, sur Amazon (.com), le Cellulaire de Stephen King en version Kindlle est vendu 8,99$, ce qui doit faire dans les 7 euros, soit 60% moins cher que Numilog. Pour information encore, il ne s’agit même pas d’une nouveauté, mais d’un livre sorti en 2006.

Conclusion : Hachette et Numilog prennent les lecteurs numériques en otage d'une politique volontairement inflationniste par rapport aux prix observés ailleurs (non pas le prix unique, mais la remise prix numérique / prix papier qui est généralement de 30%). Entrant à reculons dans un monde qu’ils n’aiment pas, les éditeurs industriels font tout pour protéger le marché papier par des prix artificiellement élevés. Les mêmes vont se plaindre demain que la copie privée affaiblit leur vente et que la police Hadopi doit mettre de l’ordre…

2 commentaires:

  1. Le livre, qu'il soit electronique ou papier, doit payer, l'auteur, l'editeur, les eventuels traducteurs, les correcteurs, les maquettistes, les distributeurs (numeriques ou physiques) les charges fixes des maisons d'edition (eledctricité, fourniture) l'achat de droits, etc.

    Si amazon est tellement gentil avec ses prix c'est parce qu'il n'a rien a payer de tout cela, il ne fait que vendre le travail des autres et il le fait, pour le numérique, à perte (le dumping).

    Je suis d'accord que les éditeurs doivent trouver d'autres modèles économiques pour le ebook, mais il faut pas parler d'Amazon comme la solution miracle, car en ce moment ils sont plus un problème pour le futur marché du livre qu'une vrai solution.

    RépondreSupprimer
  2. Le site du Syndicat national de l'édition donne la répartition moyenne des coûts sur le prix du livre physique. Le détaillant prend 36%, donc déjà plus qu'Amazon (30% pour le "modèle d'agence" qui a été fixé aux USA). Mais à cela s'ajoutent le diffuseur (6,5%), le distributeur (11%), le fabricant (16%).

    Si l'on prend le problème à l'envers, l'auteur et l'éditeur représentent 25%. Et le travail de l'éditeur inclut notamment les frais dont vous parlez (correction, mise en page, etc.). Avec la TVA toujours à 19,6%, on arrive à 44%. Numilog, qui est une plateforme de distribution propriétaire de Hachette, ajoute donc environ... 49% à ce prix.

    Enfin, les livres sortent encore en bimedia, c'est-à-dire que les frais en amont (droits, travail sur le texte, etc.) sont partagés entre papier et numérique. Ce dernier élimine toute la part de gestion des offices, retours et stocks qui est comme vous le savez une charge importante de l'industrie physique du livre.

    D'où qu'on prenne le problème, le livre numérique conserve des coûts fixes de production du fichier, mais pas les coûts fixes d'impression, diffusion, distribution, retour, stockage ou pilon. Par ailleurs, il élimine une grande part du risque – vous savez qu'un éditeur boit un sale bouillon quand sa mise en place de X milliers d'exemplaires papier reçoit 80% ou 90% de retours.

    Aux Etats-Unis, les éditeurs ont cassé le dumping d'Amazon à 9,9$, mais ils vendent les nouveautés 20 à 40% moins cher que les formats papier hardcover (premier tirage).

    RépondreSupprimer