Auteur-éditeur: nouveaux arguments pour un contrat numérique

Un enjeu brûlant et actuel pour les auteurs est la négociation de leur contrat numérique avec leurs éditeurs (voir ici). Ma position est que l’auteur doit clairement refuser une cession de ses droits patrimoniaux sur toute leur durée légale : le contrat numérique sera fondé sur une cession courte et renégociable des droits d’exploitation. Voici quelques arguments en ce sens, notamment autour de la notion de risque pour l’éditeur. L’effet d’une mauvaise vente n’est pas du tout le même dans un système de distribution numérique et dans un système de distribution papier.

Prononcez le mot « retour » devant un éditeur, et vous le verrez pâlir. Les éditeurs, leurs distributeurs-diffuseurs et les détaillants de livres papier ont mis au point un système relativement complexe, l’office et le retour. Le Syndicat national de l’édition en donne les explications formelles ici. En substance, un éditeur peut intégrer ses titres dans un « panier de nouveautés » (office) arrivant chez le libraire, mais celui-ci bénéficie en échange d’un droit de retour dans un délai fixé. Ce délai est très théorique, au départ c’était la conservation du livre par le libraire pendant trois mois, puis celui-ci avait jusqu’à un an pour le retourner ; mais les usages ont rendu les délais assez fluctuants, tout cela relevant de rapports de force entre éditeurs, diffuseurs et libraires. (Pour avoir une idée de l’ambiance, voir ici ou ici, ce dernier blog donnant lieu à un amusant échange d’amabilités entre l’auteur, libraire, et un commentateur, éditeur).

Ce système est né dans les années 1950 en même temps que le livre de poche (c’est LGF-Hachette qui le proposa initialement). Il bénéficie surtout aux grosses pointures, chez les éditeurs comme chez les détaillants. A lui seul, il rend très difficile l’accès au marché du livre physique pour nombre de petits éditeurs et leurs auteurs : si l’on n’a pas la taille critique, on est à peu de choses près exclu de l’accès réel aux lecteurs. De même, le libraire qui veut rester indépendant de l’office a des conditions économiques moins intéressantes sur chaque livre, sans parler du temps passé à commander un par un les titres de son choix.

Si l’éditeur pâlit au mot « retour », c’est qu’avec une mise en place hypothétique de 1000 exemplaires d’un titre par office, il peut très bien se retrouver avec 600 retours trois mois plus tard, mais encore 350 retours supplémentaires dans les mois qui suivent. Non seulement il ne gagne rien sur ces invendus, non seulement sa trésorerie est dans l’inconnu, mais il va payer des frais sur les retours, sans compter ensuite le stockage ou le pilon.

Ce système office-retour est donc l’une des illustrations de l’industrialisation du livre, au-delà de l’image romantique et fausse que beaucoup véhiculent encore (parfois à des fins manipulatrices et intéressées). En réalité, les petits sont écrasés ou étouffés par les gros à toutes les étapes de la chaîne du livre.

Avec le numérique, ce complexe édifice va s’écrouler.

La notion d’office ou de retour n’a plus de sens quand le probème de base – encombrement physique d’un espace réduit (librairie) pour des objets volumineux (livres) à prix et profits variables – est supprimé. Que les librairies numériques (type Fnac, Virgin, Gibert, Chapitre, Decitre, Amazon ou autres) proposent 10, 50 ou 250 nouveautés par semaine, cela crée certes un coût de référencement et de mise en ligne (coût minime car de plus en plus sous-traité voire délocalisé), mais cela ne change pas grand chose pour les serveurs de stock et les bandes passantes de flux : elles pourraient accueillir cent fois plus de nouveautés chaque semaine sans grande différence, contrairement à l’ancienne librairie physique.

En clair : les notions de retour et d’office au coeur de la distribution physique disparaissent en numérique.

Une des implications est la diminution du risque pour nombre de livres tels qu’on les connaît. Le livre, comme l’information en général, est ce que l’on appelle en économie un « bien d’expérience » : son utilité (au sens de l’utilité marginale) n’est connue qu’après consommation (côté lecteur) et sa valeur économique est donc inconnue au lancement (côté éditeur). Le best-seller est la bonne surprise (rare), le flop plutôt la norme (livre à peine équilibré ou déficitaire).

Depuis les premiers libraires-imprimeurs apparus avec Gutenberg jusqu’à nos jours, un des arguments de l’éditeur face à l’auteur est la prise de risque sur le réseau physique : j’imprime quelques milliers d’exemplaires de votre oeuvre, sans aucune certitude sur les ventes, avec une probabilité non négligeable de fort retour et de toute facon un blocage des capitaux investis dans l’aventure.

Or, cette dimension-là disparaît. L’éditeur investit certes du temps et de l’argent pour la conception du livre (coût de production fixe), soit le travail d’édition proprement dit (depuis la remise du manuscrit jusqu’à la production du fichier en différents formats), mais le fait qu’il s’en vende 50 ou 5 millions d’exemplaires chez les détaillants en ligne ne change rien pour la suite : la différence ne tient qu’à une duplication instantanée du fichier (ou bien à une occupation du flux d’accès si le livre est dans le cloud). Echec ou succès, la duplication numérique du livre publié ne mobilise ni capital ni personnel ni impression supplémentaire, de même que les multiples prélèvements de la chaîne diffuseur-distributeur-détaillant (environ 50-60%) sont désormais réduits à la seule marge du détaillant numérique (30%).

A cela s’ajoute le fait que les campagnes de promotion et de marketing, autre investissement de l’éditeur qui ne va pas disparaître, auront une efficacité nettement moindre sur l’Internet que sur les anciens médias centraux et concentrés, ou auprès des points de vente disséminés des détaillants.

Le système de réputation sur Internet est bien plus complexe et imprédictible : on n’impose pas aussi facilement qu’avant une image de marque – ou même une mémorisation d’annonce – à des millions d’utilisateurs actifs, dispersés sur des agrégateurs, librairies ou supports (liseuses) différents, sans compter les innombrables relais d’opinions que sont les réseaux sociaux, les blogs, les tweets, les forums, les journaux participatifs en ligne. On a par exemple observé pour les films que la réputation sur Twitter en sortie de salle prédit le succès commercial. Il en ira de même pour les livres, le jugement des premiers lecteurs sera déterminant pour les autres – et les « blogueurs ou twitteurs influents » trop visiblement achetés par les services RP d’un éditeur ne conserveront pas longtemps leur influence, en tout état de cause très relative…

En conclusion, la part de risque de l’éditeur se trouvant diminuée avec le livre numérique, l’auteur trouve une raison supplémentaire de ne pas céder ses droits patrimoniaux sur toute leur durée légale (de la publication de l’œuvre jusqu’à 70 ans après sa mort). Aucun auteur lucide ne peut ajourd’hui signer un contrat numérique qui abandonne le devenir d’un ficher pour… un siècle entier, durée totalement inadaptée aux nouveaux usages et, plus généralement, au nouveau rythme d’évolution technologique.

Céder ses droits numériques toute sa vie et 70 ans après sa mort est un archaïsme dangereux pour l’auteur, et une pratique injuste compte-tenu de la simplification considérable de la reproduction et de la diffusion des livres numériques. Si les éditeurs ne veulent pas le comprendre, les auteurs auront tout intérêt à utiliser des formules proposées par Amazon ou Google Editions n’impliquant pas de cession de droits et proposant des royalties bien plus importants à chaque vente (70% au lieu de 10%). Certes, ces plateformes ne sont jamais que des industriels de l’information ou du commerce… mais c’est le cas de bon nombre d’éditeurs aussi ! Ce ne sont pas les Hachette, Editis, Flammarion, La Martinière, Gallimard et autres groupes capitalistiques concentrés qui sont les mieux à-même de donner des leçons en ce domaine (voir analyses de Schiffrin et Prosper).

Ces réflexions valent pour beaucoup de livres tel qu’on les connaît, par exemple des romans ou des essais. Mais il est probable que l’édition numérique verra la production croissante de livres bien plus complexes, dont l’usage comme l’économie se rapprocheront des jeux vidéo (voir par exemple cet entretien avec Manea Castet de Byook ou les annonces de John Makinson chez Penguin). Auteurs et éditeurs s’accorderont au cas par cas selon la complexité de l’offre éditoriale et son coût de mise en œuvre. Mais pour le livre « classique » composé de quelques centaines de pages de texte, cette réserve n’existe pas : ces livres formant sans doute une bonne moitié des ventes actuelles (par exemple 25% du marché reviennent au seul roman) sont extrêmement simples à fabriquer et à diffuser.

Quant aux auteurs assez vaniteux pour croire que la couverture blanche de tel ou tel célèbre éditeur représente encore une valeur réputationnelle durable et mérite un asservissement définitif… mieux vaut les laisser à leur vanité dont l’exploitation se restreint chaque jour davantage à une caste fermée et vieillissante du monde papier. La dynamique est déjà ailleurs pour l’écriture numérique.

PS : ce n’est pas l’objet de cet article, mais il est bon de rappeler que les auteurs et créateurs ne sont pas tenus de rester dans le régime commun du droit d’auteur et du copyright. Les licences Creative Commons sont bien plus souples et intéressantes pour tous ceux qui ont principalement à l’esprit de partager une œuvre plutôt que d’en tirer des revenus. J’y reviendrai.

Lien-pétition : Appel du numérique des écrivains et illustrateurs de livres

7 commentaires:

  1. vous êtes engagé, donc c'est plus marrant.

    vous VOULEZ en arriver quelque part. vous n'êtes pas neutre.

    en tant que demeuré ça me déçoit.

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  2. iPHONE tu es un con comme tous les cons que tu dénonces.

    pourquoi ? parce que tu participes du cirque de l'internet. (internet = porno meurtre) (c'est dire les relations avec les voisins!)

    tes potes merveilleux iphone sont des rats.

    pourquoi se préoccuper à ce point du rat ? = profs de collège ou de lycée.

    Pourquoi se préoccuper de l'humanité ?

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  3. j'imagine la réaction d'un brave type comme iphone lisant ces bêtises...

    du risible...oui mais nous les alcoolos on a rien de plus à foutre.

    et toi choupinet ? tu veux pas nous mettre la tête dans le bidet ?

    sans femmes pour êttre témoins je ne vois pas l'intêteret de la tête dans le bidet.

    car nous les hommes sommes dépendants des femmes, que nous adorons et sans lesquelles nous ne sommes rien.

    Iphone n'est pas un brave type ! il est malicieux ! c'est un meurtrier quasi en le poussant.. il tabasse mais ne veut pas l'admettre.

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  4. Léo Scheer m'a trahi.

    à toi de voir gros gland.

    Léo Scheer avait toutes les clefs et il a merdé.

    Pourquoi ?

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  5. j'ai tout dégueulé sur le cul de la grosse qui m'obsède.

    elle me rend fou ses seins laiteux me rendent fou !

    baise cul tbon porc

    porc

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  6. le naze de Iphone... il m'a trahi.

    il merde avec ses je sais pas quoi.

    Iphone... tu chies.

    Iphone ça m'est égal.

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  7. Iphone efface mon gros.

    c'est simple : tu connais internet : merci :)

    hihi allez...vite.

    t'as vu iphon..

    comme ça pue.

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