Mix, remix

> Billet intéressant du psychologue Vaughan Bell sur l’histoire des grandes peurs face à l’afflux d’information : tour à tour, l’écriture, l’imprimerie, les livres, les journaux, l’école et jusqu’à Internet donc ont été accusés par les Cassandre de leur temps (dont l’éminent Socrate) de mener l’humanité à sa catastrophe prochaine.

> Dans Le Monde, deux auteurs nous disent : « Il est urgent de réfléchir aux véritables causes de la violence scolaire. » Très bien, enfin la dimension multi ! Ensuite : « Notre modèle éducatif est à bout de souffle, il produit de l'exclusion et il reproduit les inégalités sociales. Majoritairement de répétition et concentrée dans 10 % des établissements, la violence ne pourra être combattue que par une politique qui s'attaque à ses racines : le décrochage scolaire et la relégation dont sont victimes les jeunes des classes populaires. » Et c’est tout. Ce n’est pas faux, mais à nouveau, diagnostic de sécheresse intellectuelle et d’exclusive idéologique : de l’influence des hormones à celle des pairs ou des codes culturels en passant par les troubles du développement, il y a plein d’autres facteurs expliquant la violence scolaire.

> Dans son livre sur les « dix questions auxqueles la science ne répond pas (encore) », Michael Hanlon se demande notamment : « Qu’allons-nous faire avec les idiots ? » Il observe qu’avec les progrès de l’automatisation et le déclin démographique de toutes les tâches non-cognitives, les 10-15% de personnes dont le QI se situe entre 70 et 85 ont une probabilité croissante de se retrouver à la rue ou en prison, faute d’emploi.

> Marc-Edouard Nabe expose sa notion d’anti-édition sur le blog de La Revue Littéraire (éditions Léo Scheer). Une guerre ouverte de l’auteur contre les éditeurs plutôt réjouissante. Sur un thème similaire, Laurent Margantin publie sur son blog une tribune : « pourquoi je publie en numérique ».

> Souvent, je lis des auteurs et je ne découvre que bien plus tard leur visage. Et souvent, sans que je me sois pourtant forgé un portrait imaginaire très précis, je suis surpris par ce visage. Cela laisse supposer que, par quelque mystérieuse association, nous produisons une sorte de physiologie spontanée de nos lectures. Je me demande comment mes lecteurs m’imaginent…

> A propos de visages, une exposition vient de s’ouvrir à l’espace créateurs du Forum des Halles, sur le thème des « shopping addicts ». Le photographe Jurgen Ostarhild a utilisé des shoots de caméras de sécurité et des outils d’analyse biométrique pour produire des « visages-type » en morphing. Le résultat est aussi effrayant que ce que l’on croise généralement au Forum des Halles – ne cherchez pas une lueur d'intelligence sous les cheveux gélifiés.

2 commentaires:

  1. "10 questions auxquelles la science ne répond pas (encore)", ça a l'air rudement bien; je note.

    Je peux vous dire comment on vous imagine: mieux que vous n'êtes en réalité. Même si vous êtes magnifique. C'est obligé. Je propose donc de ne jamais vous rencontrer :)

    (de mon côté j'ai envoyé à mon éditeur des fausses photos; il n'y a vu que du feu)

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  2. En littérature, je me demande si l'on a encore le "droit" de ne pas D'ABORD montrer sa tête. Les tables des libraires donnent le sentiment d'une sommation à l'auteur : "montre nous d'abord ta tête, on verra si on t'achète".

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