La numérisation des marchés financiers a commencé dans les années 1970, avec le système électronique DOT (Designated Order Turnaround). On peut dire en un sens que l’informatisation et la financiarisation de l’économie sont allées de pair depuis, avec une tendance croissante au court-termisme du retour sur investissement. Mais pour les sociétés de bourse, la notion de court terme défie l’imagination ou le sens commun, puisqu’il s’agit désormais… de la milliseconde.
Le trading haute fréquence (HFT pour high frequency trading) est ainsi une pratique qui s’est généralisée depuis une dizaine d’années. Elle profite des puissances de calcul et des vitesses de transmission toujours plus élevées de l’ordinateur. Les systèmes HFT sont des algorithmes qui peuvent exécuter des transactions sans intervention humaine, dans l’ordre de la milliseconde. La plateforme InfoReach parvient par exemple à effectuer 10.000 opérations à la seconde sur les marchés internationaux.
Il s’agit bien sûr de mouvements purement spéculatifs : les algorithmes du HFT sont programmés pour identifier un gain même minime ou contrôler une position risquée, la vitesse d’exécution faisant le reste. Mais comme un nombre croissant de sociétés spécialisées font appel au HFT, la course en avant produit des effets systémiques hors de contrôle. La Securities and Exchange Commission (SEC) américaine a envisagé au début de l’année 2010 une régulation du HFT, notamment de l’ordre immédiat (flash ordering) qui crée une rupture d’information concurrentielle trop systématique. Seuls les agents connectés sur certains canaux peuvent spéculer immédiatement sur ces ordres, de sorte qu’ils sont éventés au moment où ils deviennent officiellement publics et accessibles aux décisions de tous les agents.
Dans la compétition pour la rapidité, les traders humains ont déjà perdu face aux programmes spéculatifs. Mais les deux restent à peu près à égalité dans la course à l’irrationalité.
A lire sur Wired : The business of high-frequency trading (mars 2010)
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