Remix
A2K (Access to kowledge) diffuse un court film sur les contradictions et excès de la propriété intellectuelle à l’âge d’Internet, When copyright goes bad. Aux Etats-Unis, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà été traînées devant les tribunaux par les industries de la culture. ••• Eben Moglen défend la liberté sans nuage : ce juriste pointe les dangers des données personelles retenues dans les nuages de serveurs à fin de monétisation privée ou de contrôle gouvernemental. « Les problèmes de société engendrés par le modèle client-serveur viennent de ce que les serveurs conservent dans leur journaux de connexion (logs) les traces de toute activité humaine sur le Web, et que ces journaux peuvent être centralisés sur des serveurs sous contrôle hiérarchisé. (…) Les services sont centralisés dans un but commercial. Le pouvoir des traces est monnayable, parce qu’elles fournissent un moyen de surveillance qui est intéressant autant pour le commerce que pour le contrôle social exercé par les gouvernements. Si bien que le Web, avec des services fournis suivant une architecture de base client-serveur, devient un outil de surveillance autant qu’un prestataire de services supplémentaires. Et la surveillance devient le service masqué, caché au cœur de tous les services gratuits. ». La solution ? Des micro-serveurs comme Sheevaplug ou Linutop 2 : « les gens le ramènent à la maison, le branchent sur une prise électrique, puis sur une prise réseau, et c’est parti. Il s’installe, se configure via votre navigateur Web, ou n’importe quelle machine disponible au logis, et puis il va chercher toutes les données de vos réseaux sociaux en ligne, et peut fermer vos comptes. Il fait de lui-même une sauvegarde chiffrée vers les prises de vos amis, si bien que chacun est sécurisé de façon optimale, disposant d’une version protégée de ses données chez ses amis.(…) Mais le journal de connexion est chez vous, et dans la société à laquelle j’appartiens au moins, nous avons encore quelques vestiges de règles qui encadrent l’accès au domicile privé : si des gens veulent accéder au journal de connexion ils doivent avoir une commission rogatoire. » ••• A propos de la vie privée, Tristant Nitot (Mozilla) donne une série de liens utiles pour rappeler ce que les géants du web (Google, Facebook) savent sur vous. La question des données personnelles devient un enjeu important… en même temps qu’une bonne part de la gratuité du web est fondée sur la publicité et le « profilage » (comme d’ailleurs les médias presse, radio et télé). Je suis pour ma part plus circonspect sur ces questions, préférant à tout prendre que la manne publicitaire se déverse sur le net que sur les anciens médias centraux. ••• Réponse du berger à la bergère ? Google a décidé de publier la carte mondiale des requêtes gouvernementales qui lui sont adressées, pour supprimer un service ou obtenir l’adresse IP d’un particulier. Pour le second semestre 2009, la France arrive en cinquième positition (846 requêtes). Brésil, Etats-Unis et Royaume-Uni sont en tête. ••• Paul Young (Observer) ne constate pas de corrélation forte entre l’activité Twitter et le succès des livres numériques, contrairement à ce qui a été analysé pour le cinéma. Cela n’est pas très étonnant à ce stade de maturité du marché numérique pour le livre. ••• Un site dédié, un site Facebook, une application iPhone, un compte Twitter… Jonathan Egg met le paquet pour assurer la popularité de son Get Capone, à paraître chez Simon & Schuster, comme l’explique Clément Buée sur eBouquin. ••• O’Reilly publie une première étude sur les prix moyens observés sur l’iBookStore d’Apple. Tous livres payants confondus, cela s’échelonne de 10 à 13 $, les essais étant plus chers que la fiction. Il reste que ces prix sont environ 40 à 50% moins chers que les hardcovers (première édition, couverture cartonnée et reliure cousue) et 30 à 35% que les paperbacks (seconde édition retardée, moindre qualité). On verra bientôt si Hachette et ses amis ont consenti à de tels efforts en France ••• Alors que Serge Eyrolles (SNE) rappelle au Sénat que le marché du livre numérique n’existe quasiment pas en France (moins de 1%), il atteint déjà 5% au Royaume-Uni. Peut-être que le Syndicat national de l’édition a une explication pour ce décalage ? La mienne est simple : une entente cordiale des gros acteurs industriels de la chaîne papier pour freiner une évolution qui leur sera économiquement défavorable, le lecteur n’étant plus prisonnier d’un modèle datant du XIXe siècle et aboutissant à un livre bien trop cher ••• Constantin Film a exigé de You Tube le retrait de toutes les parodies « hitlériennes » faites à partir de la désormais célèbre scène de la crise de nerf dans le bunker (film La Chute). Ce qui a évidemment donné lieu à plein de nouvelles parodies... hébergées ailleurs. ••• Par la voie de l’eurodéputée Marielle Gallo, la France est à la pointe des positions les plus conservatrices en matière de répression des internautes au nom du droit d’auteur. Avec un vieil ami de la police et de l’industrie à la tête d’un Etat ataviquement porté à pondre des lois tous les quatre matins pour réguler une société civile jugée incapable d’autonomie, ce n’est pas non plus une surprise. ••• Sur Affordance, Olivier Ertzscheid publie papier très intéressant consacré à l’écosystème informationnel d’Internet.
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