Remix

La réponse au piratage ? L’innovation, répond James Cameron, qui envoie au passage une volée de bois vert à l’industrie du disque. « Avec la G4 et la loi de Moore, vous ne pouvez par lutter contre lui [le piratage] (…) l’industrie musicale l’a vu venir, elle a essayé de le stopper et elle s’est fait dépasser. Alors ils ont commencé à faire des procès à tout le monde. Et on en est là ». ••• Après La Martinière, Gallimard, Eyrolles, Albin Michel et Flammarion vont justement poursuivre Google en justice. Les industriels de l’édition papier n’ont rien compris, et c’est tant mieux, on attend la chute future de leur CA avec autant de plaisir que l’on observait celle des majors de la musique. ••• Serge Eyrolles déclare à propos de Google : « C’est une librairie virtuelle. Comme Amazon. Non, pire qu’Amazon. D’autant plus que leur numérisation est de mauvaise qualité et le rendu pas du tout appréciable. L’avenir est à une numérisation intelligente, pas ce qu’ils font actuellement. » Google sait très bien ce qu’il fait, comme le relève Bruno Racine (président de la BnF). Sur Internet, une bonne part de l’intelligence est collective : ce sont des millions de lecteurs qui créent des ontologies par leurs tags, signalent et corrigent des erreurs, etc. En fait, la génération Eyrolles ne comprend pas le nouveau statut du texte numérique, elle raisonnera Gutenberg jusque dans sa tombe. ••• Le Parti Pirate français propose une Déclaration des droits de l’internaute en version évolutive Creative Commons. Si j’avais un seul conseil (hors déclaration), arrêter de s’appeler Parti Pirate et se nommer Parti Numérique tout court. Moins romantique, mais bien plus ample comme enjeu de civilisation. ••• Calogero, hadopiste de la première heure, défenseur acharné de la propriété littéraire et artistique, vient d’être condamné en première instance pour contrefaçon de droits d’auteur. Il se serait trop inspiré de la mélodie d’une autre œuvre. Eh oui, camarade, c’est cela le délire propriétaire des épiciers du temps présent, tu auras toujours un ayant droit pour identifier un vague plagiat dans ton inspiration alors même que toute création s’inspire des créations antérieures ••• Le CNL publie avec Ipsos MediaCT une vaste étude sur l’avenir du livre numérique. Les trois enjeux sont l’accès (offre éditoriale trop limitée, mais plaisir à dénicher des introuvables en papier), l’objet (devant encore démontrer son confort), la valeur (liseuses et livres numériques trop chers). Les opinions exprimées suggèrent une co-existence du numérique et du papier, avec un fort potentiel de croissance du premier chez les CSP+ , les gros lecteurs, les femmes et les hommes plutôt jeunes (30-40 ans), les amoureux du roman et du livre pratique. Les auteurs estiment que « la numérisation du livre paraît irréversible ». ••• iBooks vient d’arriver sur la version 9.1 d’iTunes ••• Le magazine Lire publie un dossier sur ce que gagnent les écrivains, avec le constat d’une radicalisation du fossé entre l’auteur bankable et le lumpen-scriptuariat. Jean-Marc Roberts (PDG de Stock) : « La situation a tendance à se radicaliser : vous allez avoir, d'un côté, des auteurs inconnus qui, jadis vendaient à 3000 exemplaires, mais qui plafonnent aujourd'hui à 400, et auxquels il va falloir dire que l'on va diviser leurs à-valoir par trois et, de l'autre, des romanciers qui ont la chance de dépasser les 30.000 exemplaires et seront surpayés. Le risque, c'est que les éditeurs ne financeront plus de véritables projets littéraires. » Certes, mais pour « financer un projet littéraire », l’auteur numérique pourra surtout se passer des éditeurs puisque d’une part, l’argument imparable des moyens lourds de production et diffusion n’existe plus en format digital, d’autre part le système actuel du livre papier ne rapporte déjà quasiment rien à la multitude, en favorisant la starisation et la best-sellerisation. ••• Je vous rappelle à ce sujet, chers lecteurs, que si voulez inventer une autre manière d'éditer un texte au XXIe siècle, c'est ici que l'on avance à grands pas – mais c'est en phase opérationnelle, donc réservé à ceux et celles qui veulent s'y coller concrètement, si le débat de fond vous intéresse plus, alors vous êtes au bon endroit :-).

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