Mon iPhone m'a entuber (ou les joies du format propriétaire)

Deux actualités récentes ont mis en lumière les problèmes des formats propriétaires dont je parle sur ce blog, en l’occurrence ceux de l’iPhone / iPad.

Avant-hier, l’Electronic Frontier Foundation a publié l’accord de licence qu’Apple impose à tous les développeurs d’applications pour ses terminaux. Un sacrilège puisque cet accord a notamment comme clause… d’interdire formellement la publication des termes de l’accord ! Mais comme Apple a accepté une application de la Nasa et que la Nasa est tenue de mettre à disposition tous ses documents administratifs aux citoyens américains, une faille du droit a permis de découvrir la réalité cachée du monde selon Steve Jobs. Et elle n’est pas très jolie à voir si vous avez envie de figurer dans l’App Store : Apple se réserve le droit de supprimer n’importe quelle application même si elle remplit les conditions et sans donner de raison ; Apple ne s’engage qu’à hauteur de 50 $ en cas de dommage quelconque lié à l’application (s’ils la plantent par erreur en faisant une mise à jour et que vous perdez 50.000 clients, tant pis pour vous) ; Apple ne permet aucune écriture sur les codes de ses propres applications, ce qui a pour effet de rendre difficile l’interopérabilité avec des logiciels open source ; Apple refuse que l’application soit vendue ailleurs que sur App Store… Bref, des conditions tyranniques.

Vous me direz bien sûr : « Apple fait ce qu’il veut chez lui ! ». En effet, c’est bien le problème des supports et formats propriétaires : en s’isolant volontairement pour garder leur marché captif, ils font ce qu’ils veulent chez eux mais empêchent du même coup tous leurs utilisateurs de profiter de ce qui se fait ailleurs. Et ils peuvent sacrifier ces utilisateurs à leur humeur du moment.

La seconde actualité est ainsi plus parlante : voici deux semaines, Apple a décidé de purger d’un seul coup 5000 applications de l’App Store, au motif (supposé) qu’elles avaient toutes une connotation érotique. En vertu du point précédent, ces applications avaient reçu l’accord d’Apple pour figurer sur l’App Store, mais la firme n’est pas tenue de justifier ses censures et liquidations. Selon certains, cette disparition serait le préalable à l’apparition d’une catégorie « érotique / explicite ». En arrière-plan : Apple prépare le lancement de la tablette iPad, à usage très familial, et n’aurait pas envie de subir la mauvaise presse de plaintes liées aux puissantes ligues de vertu de l’Amérique profonde.

Cela donne quoi ? Nous sommes en 2011, vous avez acheté un iPad en ayant en tête sa fonction de lecteur numérique, vous avez téléchargé des livres du marquis de Sade et de Tony Duvert. Mais, l’association « Dignité de la famille française » porte plainte et Apple, fuyant les complications, préfère supprimer purement et simplement les fichiers Sade et Duvert dans votre iPad. Tout comme le Kindle d’Amazon l’a déjà fait (pour d’autres raisons) avec des œuvres d’Orwell : ce n’est donc pas de la science-fiction, mais une option ouverte.

Vous comprenez maintenant les joies du support et du format propriétaires. Deux dispositifs ont notamment permis l’ère numérique de liberté que nous connaissons encore : l’Internet comme réseau ouvert « end-to-end » (chacun apporte son contenu en se connectant, le réseau lui-même est neutre, aveugle, sans filtre aucun) ; la séparation matériel / logiciel dans le PC (le PC comme terminal lui-même neutre du réseau, sur lequel on peut charger le système d’exploitation, les logiciels et les contenus de son choix, avec possibilités pour chacun de « bidouiller » des créations et des améliorations pour les remettre sur le réseau). Le choix propriétaire revient à briser cela : limiter l’usage des logiciels et des contenus, voire l’accès à certaines zones du réseau Internet (par contrainte d’incompatibilité et non-interopérabilité avec d’autres formats).

Cette question sera l’une des grandes batailles de la décennie 2010. Les éditeurs de contenus (presse, musique, livre, vidéo, logiciel) considèrent volontiers les formats propriétaires comme de bons interlocuteurs car ces éditeurs ont une sainte horreur de l’affreux piratage sur l’imprévisible Internet. Et ce beau monde pourrait peser de tout son poids économique pour essayer d’assécher l’Internet ouvert et génératif au profit de marchés captifs et isolés.

(Voir également ici la critique de Tristan Nitot, de Mozilla : « L'idée n'est pas de tuer les app stores mais simplement de donner accès à la richesse du Web, sans avoir à demander la permission à un éditeur ni à se soumettre à la morale d'un autre pays. Nous ne pouvons pas accepter ce genre de compromis ».)

12 commentaires:

  1. sans toi iphone ...on ne peut pas faire valoir

    la vérité de ce que tu dis.

    Sans toi Iphone...nous ne sommes pas grand'chose.

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  2. Ca c'est du lyrisme ! ^^

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  3. Par contre, il t'a pas appris à écrire français...

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  4. Je ne veux pas faire le rabat joie, mais une pHote dans le titre d'un article c'est pas super XD Bon après, vu le nom du site c'est peut-être fait exprès...

    mon iPhone m'a "entubé" et non "entuber".

    Sinon j'ai beaucoup aimé l'article en lui même qui ne dit que la simple vérité. A cela j'ai presque envie de répondre Linux chers amis. Ça fait un peu troll des cavernes mais c'est l'essence même du libre.

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  5. Pour les maîtres Capello en herbe et en ignorance : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Omar_Raddad

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  6. J'ai envie de dire qu'en matière de Smartphone on a aujourd'hui le choix entre un iPhone qui a ses avantages et ses inconvénients expliqués dans ton article.
    Notre choix peut se tourner vers les Google Phone (HTC entre autres) qui malgré leur façade Open Source, font partie du système Google. Pas besoin d'ne dire plus.
    Troisième et dernier choix, un Windows Phone. dois je en dire davantage? car au niveau de l'ouverture Windows Phone/Apple même combat.

    Pour info, je possède un iPhone et je pense passé au Google Phone (quand j'en saurait plus sur le bouzin)

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  7. Débat futile et sans intérêt. Apple laisse accès à tout le Web, à toutes les applis Web aussi.

    Il a ouvert une boutique où il vend ce qu'il veut, cela semble naturel. Pour iPad, il y aura d'autres boutiques de vente de contenus, si Apple retire SADE, tu le trouveras chez B&N ou Amazon. Si tu veux aller sur des films porno, tu peux les mettre sur ta tablette ou ton iPhone. Il n'y a que la boutique qui filtre.

    Faut arrêter le délire. Le diable est ailleurs.

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  8. Si tu aime pas l'iPhone, alors quitte le !

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  9. Tu te trompes, Apple a retiré les applications du store, mais elles restent chez ceux qui les ont acheté auparavant. En tant que client t'es jamais baisé.

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  10. je me demande bien pourquoi tant de personne ont un Iphone !! peut etre que ..... on s'en fout de ci de ça ...peut on télécharger des applis de Windows phone sur l'Iphone ?

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  11. Si vous en avez marre de les restrictions d'Apple vous avez qu'a "Jailbreaker" votre iPhone et utiliser les logiciels de Cydia et Rock par exemples pour fournir votre smartPhone (iPhone) de tout ce que Apple essaie d'empecher. C'est tres facile si vous posseder un iPhone avec firmware 3.1.2 avec un numero de serie avec l'indication qui dit que votre iPhone a ete fabriquer avant la 40ieme semaine 2009. A vous de voir

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