Louis Blanc et la propriété littéraire

La question de la propriété littéraire est décidément dans l’air du temps numérique : les éditions Edysseus annoncent la réimpression de l’ouvrage De la propriété littéraire (Louis Blanc) avec une préface de Francis Lalanne, artiste connu pour sa défense du libre accès aux œuvres. Voir les commentaires d’Actualitté. On peut lire ce texte de Louis Blanc gratuitement sur Google Livres, mais il devrait apparaître prochainement en meilleure lisibilité sur la page téléchargements gratuits d’Edysseus – par ailleurs, il existe sans doute plusieurs versions car Edysseus signale la date de 1848 quand le texte de la Revue du progrès est paru en 1840.

L’extrait suivant donne une idée de la position radicale et romantique de Blanc – position selon laquelle toute considération d’argent est de nature à nuire à la qualité de l’œuvre de l’esprit, l’auteur étant amené à flatter ce qui est le plus vulgaire (mais le plus rentable) chez son public potentiel. Une certaine critique d’une certaine édition dominée par le marketing et la « best-sellerisation » y trouvera matière à nourrir ses arguments…

« La littérature, quelque forme qu’elle affecte, exerce donc une influence qu’il importe au plus haut point de régler, et c’est la rendre extrêmement dangereuse que de la laisser aux mains d’hommes qui ne s’en servent qu’en vue d’un bénéfice d’argent. Je concevrais qu’on fît une loi pour abolir, comme métier, la condition d’homme de lettres ; mais en faire une pour rendre ce métier plus fructueux et encourager les fabricants de littérature, cela me paraît insensé.

Non seulement il est absurde de déclarer l’écrivain propriétaire de son œuvre, mais il est absurde de lui proposer comme récompense une rétribution matérielle. Rousseau copiait de la musique pour vivre et faisait des livres pour instruire les hommes. Telle doit être l’existence de tout homme de lettres digne de ce nom. S’il est riche, qu’il s’adonne tout entier au culte de la pensée : il le peut. S’il est pauvre, qu’il sache combiner avec ses travaux littéraires l’exercice d’une profession qui subvienne à ses besoins. »

5 commentaires:

  1. -Non seulement il est absurde de déclarer l’écrivain propriétaire de son œuvre, mais il est absurde de lui proposer comme récompense une rétribution matérielle. Rousseau copiait de la musique pour vivre et faisait des livres pour instruire les hommes. Telle doit être l’existence de tout homme de lettres digne de ce nom. S’il est riche, qu’il s’adonne tout entier au culte de la pensée : il le peut. S’il est pauvre, qu’il sache combiner avec ses travaux littéraires l’exercice d’une profession qui subvienne à ses besoins. -

    Cette vision idéaliste est assez sympa, mais un stylo et une rame de papier ne coûtent pas bien cher. Pour les autres artistes, dans d'autres mode d'expression, comme la sculpture, le cinéma, le théâtre, la photographie, la peinture, ou même l'édition, des moyens sont nécessaires.

    RLZ

    RépondreSupprimer
  2. oui mais qu'importe les moyens ?

    pourquoi ne pas laisser un artiste mourir d'inanition de son art ?

    c'est un spectacle fabuleux d'observer un "artiste" mourir du manque de son art.

    Ca fait bander.

    RépondreSupprimer
  3. Bof,
    Pas très constructif comme intervention.
    Les artistes finissent aussi par mourir,
    Et parfois avec art.

    Krane veut-il nous proposer une prestation ?

    RLZ

    RépondreSupprimer
  4. Je ne comprends pas où vous voulez en venir avec votre intervention, RLZ.

    d'ailleurs je ne comprends pas non plus où veut en venir votre hôte.

    Vous êtes rigoureusement incompréhensibles et il ne s'agit même pas d'essayer de vous comprendre.

    RépondreSupprimer
  5. (Krane) Je crains d'être le dernier à savoir où je veux en venir. Mais les jugements des autres sur ma direction supposée sont des informations utiles.

    (RLZ) Oui, dans vos exemples cependant, la propriété littéraire (à laquelle pense Louis Blanc) ne concerne que l'édition. Et un peintre ou un cinéaste n'ont pas besoin des mêmes moyens (en ordre de grandeur) pour créer.

    RépondreSupprimer