Le réseau et le zéro

Une étude GfK sur les attitudes des internautes par rapport à l’accès payant ou gratuit des contenus d’Internet vient de paraître (ZDNet). Son résultat est révélateur : en moyenne pour l’Europe et les Etats-Unis, 13% seulement des internautes se disent prêts à payer – dont 8% à condition qu’il n’y ait pas de publicité.

Ils sont 89% à considérer que tous les contenus doivent être gratuits, dont 33% veulent du gratuit sans publicité. Dans ce tableau d’ensemble, la France est parmi les pays les plus attachés à la gratuité : 8% acceptent de payer, et un minuscule 1% de payer si en plus ils subissent de la pub.

Je le disais ci-dessous en conclusion de ma recension de l’essai de Bruno Racine : quand il s’agit du prix, le réseau cherche le zéro. De manière écrasante, sans variation énorme d’un pays l’autre pour les tendances du moment, les internautes plébiscitent le gratuit.

Pour les éditeurs de contenus, surtout la presse aujourd’hui, c’est la quadrature du cercle. L’offre papier est souvent en déclin, elle a de plus en plus de mal à trouver des recettes publicitaires. L’offre internet se heurte à cette exigence de gratuité, qui découle notamment de l’abondance des sources déjà intéressantes : pourquoi payer si un abonnement ciblé à dix, vingt ou trente flux RSS me donne les informations largement suffisantes pour mon niveau d’intérêt et mon temps disponible ?

L’internet oblige donc l’éditeur à produire une valeur ajoutée assez nouvelle et assez attractive pour justifier une dépense du consommateur – et en tout état de cause, ce sera une dépense modeste, procurant donc des revenus modestes à la plupart des producteurs de contenus.

Tout dépend bien sûr des contenus concernés. L’information est la principale victime de ce phénomène, car le commentaire éclairé du journaliste n’est généralement plus considéré comme une valeur ajoutée – en arrière-fond se profile le phénomène bien plus intéressant de crise d’un certain « magistère intellectuel et moral » né à l’époque des médias de masse et déclinant avec eux. Après tout, se dit l’internaute, pourquoi payer un abonnement au Point s’il s’agit d’y lire des chroniques de BHL me parlant de Botul ?

Mais on aurait tort de penser que la presse subit seule cette pression nouvelle. Hier la musique et la photographie, demain le livre, la télé ou le film seront dans le même cas. Il suffit en fait d’une compétition du gratuit face au payant sur un même terrain (numérique) pour que les attitudes de consommation et consultation commencent à basculer. Les travaux expérimentaux de l’économie comportementale (voir chapitre 3 du livre passionnant de Dan Ariely) ont montré que le zéro agit comme un attracteur étrange sur nos cerveaux programmés par l’évolution pour craindre la rareté.

9 commentaires:

  1. -Hier la musique et la photographie, demain le livre, la télé ou le film seront dans le même cas.-

    Pourquoi donc faire des amalgames aussi peu crédibles.

    Chaque média a sa façon de gérer sa relation à l'internet.

    RLZ

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  2. TANT MIEUX. TOUT CE QUI PEUT Dégommer la culture c'est bien.

    le numérique n'est qu'un moyen pour dégommer les formes vieilles.

    (j'aime la vieillesse mais ce n'est pas le sujet)

    donc si le numérique peut anéantir les formes anciennes de la vieillesse : pourquoi pas ?

    le numérique itself va foirer de tte face. alors...hihi

    hihi

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  3. au fait le RLZ je lui pisse sur la gueule.

    c'est possible ?

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  4. Ifone ... tu le sais qu'on est nazes.

    et qu'on va tous crever etc..

    pourquoi insister sur la situation ?

    pourquoi se complaire ?

    mais quelque chose te dit qu'il n'en est pas ainsi.

    et ce quelque chose a raison.

    toi la grosse scientifique... accompagnée d'une femme...

    cette femme est fabuleuse...elle comprend la détresse de l'homme blanc.

    c'est cette femme là qu'il faut liquider.

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  5. Louis de Funès.

    le numérique ne dépasse en aucune façon Louis de Funès dans son expression fondamentale.

    Louis de Funès je l'aime à la folie.

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  6. l'information selon Wittgenstein..

    je suis prêt à en discuter (en tant qu'ignorant qui se marre..)

    mais concernant les relations humaines : c'est tellement degueu : il n'y a tellement rien.

    = 80 % de malentendus.

    à vous.

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  7. Krane a dit…
    au fait le RLZ je lui pisse sur la gueule.
    c'est possible ?

    En virtuel seulement,
    Mais le virtuel c'est du vent.

    RLZ

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  8. (RLZ) Mon texte disait « tout dépend bien sûr des contenu concernés », chaque activité suit une évolution particulière. MAIS la tendance observée est la même : certains contenus très élitistes (et chers), des contenus de masse bien moins exigeants (et tendant vers le gratuit). Vous me parliez de photo dans un autre commentaire. Quand j’ai bossé pour la presse papier ou de la presse internet, j’ai bien observé que l’on y cherche de plus en plus souvent des photos les moins chères possibles (sur le net, c’est genre iStock qui se fournit en partie sur Flickr, on paie quasi rien pour une basse def 72 dpi destiné à un support commecial). Donc ça tend bel et bien vers zéro. Et vous n’avez pas été sans observer le nombre d’agences photo qui ont fermé, car de moins en moins d’éditeurs ont la capacité ou l’envie de payer cher des photos (surtout quand pour chaque événement, la première chose qui circule désormais mondialement ce sont des photos ou videos d'amateurs présents sur place).

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  9. Bien sûr j'ai remarqué la baisse des budgets photos,
    Mais cela n'a rien à voir avec le net et sa diffusion,
    C'est juste un problème de marché et de relation client,
    Le net n'intervient pas dans cette affaire.

    Il y a beaucoup d'autres domaines ou les prix chutent, faut pas voir le net comme étant le nouveau maitre de l'ordre mondial.

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