On ne meurt pas le week-end

Je découvre une singularité que j’ignorais : en France, on ne meurt pas le week-end. Les employés d’amphithéâtre – gardiens de morgue si l’on veut – ne travaillent pas du vendredi soir au lundi matin. Concrètement, les proches arrivés trop tard se voient refuser l’accès au corps, le certificat de décès est bloqué quelque part dans les méandres de la tuyauterie administrative, les formalités funéraires, déjà pénibles comme toute formalité, doivent en plus être repoussées de quarante-huit heures.

Le repas de famille me rappelle que je n’aime pas les repas de famille. Je m’entends d’autant mieux avec les proches que j’en suis loin. Et puis comme toujours, le cadavre n’est pas encore raide que certaines discussions pointent déjà sur les questions d’argent – questions qui m’indisposent en toutes circonstances, et me révulsent dans certaines. Alors je me renferme sur moi-même, et je pense à mon père.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire