Ma terreur est que mon ennemi n’a pas de visage

Cette citation de Heiner Müller revient dans le recueil de photographies de Boris Mikhailov, Look at me, I look at water, que j’ai trouvé hier à la librairie Ofr près de chez moi, librairie qui ignore fort heureusement le repos dominical. Ce livre fait suite à la Dissertation inachevée, sur la même principe de collages de diverses photographies de la vie de l’auteur et de celles d’inconnus, en Russie, en Allemagne et dans son Ukraine natale, images annotées à la main de diverses observations de Mikhailov. Malgré le caractère terrible de certaines photos (des pauvres, des atrophiés, des malades, des clochards, des parias), il se dégage une douce sérénité de l’ensemble, et même une certaine joie, cette joie dont je chantais voici peu le requiem. C’est un sentiment que je ressens souvent quand je traverse les zones les moins développées, mais la brieveté de mon passage m’interdit d’en tirer des conclusions trop hâtives ou trop générales. Cela fait partie de ces impressions discrètes dont on se demande si elles sont vraiment partagées, et dont on ne s’ouvre pas toujours spontanément. 

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